Conclusion

Les pays développés doivent faire face à une pénurie prévisible d’énergies fossiles et aux conséquences de leur utilisation insouciante jusqu’à présent. Ces pays sont donc obligés aujourd’hui de développer des techniques innovantes pour apporter des solutions au moins partielles à la double problématique de l’utilisation des ressources et de la lutte contre la pollution. Le secteur du logement porte une part non négligeable des responsabilités en la matière.

Dans ce contexte où, comme l’indique la démarche négaWatt, il est préférable de consommer moins et mieux plutôt que de produire plus d’énergie, différentes stratégies d’économie ont été mises en place. Ces stratégies ont recours à la sobriété, à l’efficacité et à la renouvelabilité énergétique. Il apparaît clairement que la construction de maisons passives rencontre ces objectifs et en présente une synthèse particulièrement aboutie.

Sur le plan technique, la maison passive est parfaitement définie par les critères et les recommandations actuelles. Le seul frein à la construction passive réside donc surtout dans la compétence et l’expérience des architectes et des entrepreneurs.

D’un point de vue architectural, on constate ici une obligation de résultats et non une obligation de moyens : en principe, toute architecture peut donc être passive ! Cette approche évite de brider la créativité et l’imagination des concepteurs, pour autant qu’ils soient sensibles aux enjeux poétiques et formels impliqués par l’articulation de l’enveloppe, très isolée donc épaisse, et des technologies (matériaux, ventilation, etc.). Bien au contraire donc, la construction de maisons passives peut être l’occasion d’explorer de nouveaux champs d’investigation, notamment esthétiques.

Dans les circonstances actuelles, l’aspect économique ne joue pas toujours en faveur de la maison passive. Un certain nombre de projets restent plus onéreux à long terme qu’une construction classique, même si c’est souvent avant tout en raison de leur caractère expérimental. Il faut souligner que cette analyse économique ne prend aujourd’hui en compte que les dépenses directes des investissements et de la consommation énergétique. Pour calculer la véritable rentabilité d’une maison passive, d’autres éléments doivent être pris en considération. Ainsi, la généralisation des maisons passives permettrait de réaliser des économies sur des coûts cachés pris en charge par la collectivité (CO2 et dégâts liés au réchauffement global, pollution et santé publique,…). On peut par exemple citer le coût du réchauffement climatique ou encore l’accroissement du budget des soins de santé liés à la pollution et la concentration en ozone de l’atmosphère.

Il nous reste enfin à examiner les perspectives d’avenir des maisons passives.

Tout d’abord, le contexte environnemental actuel et le fait que la plupart des gouvernements s’engagent sur la voie du développement dit “durable” ne peut que conforter la tendance à la construction de maisons passives, qui offrent la possibilité, techniquement accessible et vérifiée, de réduire les besoins en énergie de manière significative. L’augmentation prévisible des dépenses énergétiques va petit à petit renforcer l’attrait des maisons passives, tout simplement parce que les investissements supplémentaires qu’elles nécessitent seront plus rapidement rentabilisés.

Matériellement, construire des maisons passives n’est pas non plus une utopie. Les techniques et les matériels sont au point depuis longtemps et il existe de nombreuses réalisations dans différents pays européens ; ces pays se caractérisent souvent par des climats plus continentaux et plus contrastés que celui que nous connaissons en Belgique ; la maison passive est donc aussi une solution technique applicable chez nous.

Pour diffuser cette technique constructive et lever ainsi les obstacles qui s’opposent à la diffusion d’un concept qui s’est nourri et développé sur la base d’initiatives privées, une stratégie de promotion devrait être mise en place. Cette stratégie reposerait sur les points suivants :

1. Sensibiliser l’opinion publique au problème énergétique et montrer que la maison passive peut être une réponse particulièrement intéressante et accessible. Cette sensibilisation doit mettre en exergue les économies d’énergie réalisées et l’augmentation importante du confort. Le coût parfois plus élevé d’une maison passive par rapport à une construction classique représente le prix à payer pour cette augmentation du confort ;

2. Sensibiliser les architectes à leur rôle capital en tant que conseil des candidats bâtisseurs dans le choix des grandes options de leur future maison. Dans ce cadre, convaincre les professionnels de l’opportunité de développer le marché de la maison passive ;

3. Encourager la recherche et la mise au point d’éléments de construction adaptés au principe de la maison passive (isolants, châssis, étanchéité, ventilation mécanique contrôlée…) ;

4. Mettre en place un système d’incitants financiers ciblés (voir le cas du Grand Duché de Luxembourg) ;

5. Soutenir les associations telles que le Passiefhuis-Platform en Flandre qui agissent dans ce sens. En Région wallonne, une initiative semblable vient de se créer à l’instigation d’architectes-citoyens engagés dans la construction durable.

Espérons que l’architecture pourra apporter par ce moyen une contribution efficace aux grands défis de la société de demain.



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